mardi 17 février 2009

Les grandes réformes de l'État

Après que les Côtes du Nord (Brrr !) soient devenues les Côtes d’Armor, qu'une Charente inférieure et de basses Alpes aient été requalifiées de maritimes (ce qui est tout de même plus chic), la Basse Normandie doit se sentir mal à l'aise. À moins qu'elle se console de son sort avec l’exemple du Bas Rhin qui, certainement influencé par un tempérament plus raisonnablement saxon que susceptiblement latin, a résisté à la tendance romantico-sémantique et aux démangeaisons d’un amour-propre ayant de meilleures occasions de se manifester.
Après que les aveugles soient devenus des malvoyants,
les sourds des malentendants, et les femmes de ménage des techniciennes de surface, les instituteurs sont devenus des professeurs de collège. Mon vieux Maître d'école, Instituteur dont l’enseignement a été assez marquant pour qu’au moins un de ses élèves parmi les plus dissipés s’en souvienne avec émotion plus de soixante ans après, doit en remuer dans sa tombe, lui dont la sagesse était faite avant tout de bon sens et qui était si fier de son titre et de ce qu’il signifiait. La mesure lui aurait peut être parue être de son époque mais je doute qu'il en eût apprécié l’aspect gratifiant. En effet, pourquoi de collège ? S'il s'agit de niveler pour faire plaisir aux esprits chagrins qui ne croient plus assez en ce qu'ils font pour s’en satisfaire, peut être n'aurait-il pas été d'accord pour ne serait-ce qu'avoir l'air de renier un terme qui lui était cher : l'école. Il y avait son cœur ; celui qu'il mettait à faire la classe à ses élèves, sans jamais se laisser aller à soumettre son statut à des considérations qu'il aurait probablement jugé manquer de bon sens.
Il est vrai que du bon sens, il faut s'en défier. Rien n'est plus proche en effet des idées reçues, donc des préjugés et du refus de la remise en cause. Mais comme l'intelligence, définie par quelqu'un comme l'acuité intellectuelle permettant de franchir les limites du raisonnement sans perdre le contact avec le réel, le bon sens ne consiste-t-il pas à résister aux idéologies lorsqu'elles portent à l'oublier ?
Toujours à propos de grandes réformes, pourquoi celle des immatriculations de véhicules a-t-elle donné lieu à autant de contestation, alors qu'il eut été si facile de donner satisfaction aux sourcilleux du numéro de département en leur donnant la liberté d'apposer ce numéro sur leur voiture à un endroit déterminé, comme cela est le cas pour les lettres désignant chaque pays ?
Réflexion, voire méditation, décalée ? Peut-être, mais qui s'appliquerait assez utilement à ce que nous vivons en ces temps de résistance aux réformes les plus utiles.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

F16 pour un chasseur charentais. Salut p'pa.