lundi 3 août 2020

De la spiritualité

De la spiritualité


Je ne hais ni ne crois avoir jamais haï qui que ce soit, et je ne refuse pas l’amour de Dieu ; je m’en tiens simplement et sans le besoin de la moindre idéologie ou croyance préfabriquées, à la simple observation de l’existence. Et c’est ce qui m’a amené à considérer que les religions sont de puériles inventions humaines, niant les hasards de notre naissance et la partition de l’humanité qui en résulte structurellement, en 86 % de pauvres pour 14 % de riches – en tout –, quels que soient les aléas heureux ou malheureux de l’existence de chacun par la suite. 

Si la raison peut s’accorde avec la foi, pour reconnaître que la vie n’a pu naître que d’une volonté première qui, même si elle procède du néant, a existé avant elle, j’ai choisi pour ma part de m’en remettre à mes observations, dont il ressort que l’être humain est dominé par ses sentiments et ses émotions au premier rang desquels figure depuis toujours, sa ien légitime angoisse existentielle . Pour y remédier, son imagination lui permet de se réfugier dans le roman, la poésie et la chanson (de la ritournelle au cantique), le théâtre, le cinéma, la TV… , allant jusqu’à s’abandonner à l’utopie et au mystère, ces formes supérieures de la fiction. Sans omettre l'usage des stupéfiants par ceux, toujours plus nombreux, à qui cela ne suffit plus.

Son langage, dont le degré d’achèvement le distingue, entre autres spécificités, de la multitude des espèces peuplant notre univers connu, ainsi que les autres moyens d’expression et de communication dont il a su se doter, ne peuvent qu’y encourager l'homme, d’autant plus que sa vanité y trouve confirmation de la distinction dont il serait l’objet de la part des Dieux, refusant bien entendu l’idée que Ceux-ci puissent être nés de ses propres fantasmes.

Car c’est précisément sa spiritualité qui différencierait avant tout l’homme des autres espèces. Mais cette spiritualité n’est-elle pas, comme son langage, une de ces facultés distribuées aussi inégalement que les autres, entre toutes les espèces peuplant l’univers ? N'est-il pas au contraire prouvé que telle ou telle autre peuplant celui-ci en sont dotées, sous des forme plus ou moins élaborée, restant à interpréter ?

Un seul atome, une seule molécule dont l’homme est fait, lui sont-ils exclusivement réservés ? Tous ne se retrouvent-ils pas dans les éléments dont est constitué son environnement, qu’ils soient : liquides, solides ou gazeux, animés comme inanimés, vivants ou morts, chauds ou froids, visibles ou invisibles… ? En quoi l’homme se distinguerait-il dès lors, de tout ce qui peuple cet univers ? Quoi d’autre qu’un imaginaire débridé l’a mené à se voir promettre une existence éternelle ? Son espèce ne disparaîtra-t-elle pas un jour, avec l’âme ou plus simplement le souvenir qui prend ce nom, et son habitat qu’est la Terre, sans que le cosmos n’en manifeste davantage d’émoi que pour l’anéantissement de n’importe quelle étoile, comme il s’en produit à chaque instant parmi les milliards de milliards offertes à sa vue ?

Il s’avère en tout cas qu’en l’absence de réponses autres que celles fournies par des mystères et des révélations dont la signification serait réservée à ceux qui ont la foi, très tôt à l’échelle de nos civilisations des hommes ont compris le pouvoir qu’ils pouvaient tirer, pour le meilleur et pour le pire, des peurs de leurs semblables ; pouvoir d’autant plus grand que ces peurs et la crédulité qui les attise sont partagées. Plusieurs d’entre eux ont dès lors pu apparaître comme les ambassadeurs de leurs croyances, chargés de faire connaître et de codifier celles-ci, dans les circonstances et les mœurs de leur époque, là où ils se sont manifestés. La surenchère née de ces initiatives a pu ensuite évoluer en guerres, suscitées par l’ambition de conquérir un maximum d’adeptes. Puis, comme par un effet du balancier rythmant tant d’autres aspects de la vie, est apparue la nécessité de revenir à la réalité, en étudiant des faits avérés ; en raisonnant plus ou moins logiquement ; avec l’aide de l’expérimentation, jusqu’à la preuve à laquelle conduit la démarche scientifique. Mais là encore est sans cesse différé l’espoir que celle-ci finisse par triompher de peurs non plus dues aux mystères de la création mais à celles résultant de découvertes d’un nouvel ordre.

L’homme peut-il donc raisonnablement penser que cette science, parvenue à expliquer nos peurs – à défaut de les faire disparaître – annihilera la spiritualité de l’homme ? Voici qui paraît peu probable, tant celle-ci semble être liée à la vie, dans le combat qu’elle livre depuis son apparition, à un environnement lui opposant une résistance farouche, en même temps qu’il lui offre ce dont elle a besoin pour perdurer.

Telles peuvent être les raisons de l’homme qui, face à de telles incertitudes et à l’impuissance de l’espèce dominante à laquelle il appartient à les vaincre, choisit de s’en remettre à lui-même, pour se garder d'un abus de sentiments et d’émotions pouvant le faire dévier de cette option.

Quoi qu'il en soit, l'humble autant que libre observation d'une réalité quotidienne peut y suffire.